Gargoulette I Vivre de Déco et d'Eau Fraîche
On puise souvent nos inspirations déco dans les objets tombés en désuétude. Avec cette jolie cruche, c’est l’eau fraîche que l’on puisait aux fontaines des villages. Aujourd’hui on la retrouve dans les plus belles ambiances vintage. L’artisanat, le naturel, la simplicité ont fait que cette poterie traditionnelle a traversé les années et les frontières pour nous ravir avec ses rondeurs et ses douces tonalités. On vous raconte les histoires et les accents de la gargoulette en terre cuite…
Une poterie traditionnelle aux formes généreuses
La gargoulette en terre cuite, c’est ce récipient fermé muni d’une anse encadrée par un goulot de remplissage et un bec étroit. Cette disposition permet à la fois de le remplir aisément à la fontaine et de boire grâce au mince filet d’eau délivré. Cette façon de se désaltérer, sans poser les lèvres, s’appelle boire à la régalade. Si cette technique fait souvent sourire et demande un peu d'adresse, elle n’a pas oublié d’être hygiénique et pratique. Ces ouvertures étroites assurent également à l’eau une qualité de conservation optimale en la protégeant des insectes et de la poussière mais surtout de la lumière et de la chaleur.
Gargoulette d'été et gargoulette d'hiver
Certains de ces pichets sont vernissés, d’autres laissés dans leur plus simple appareil de terre cuite naturelle. Ces différences ne sont pas juste une question d’esthétique et de décor, mais bien une finition adaptée à un usage bien défini. Ainsi, la gargoulette d’hiver porte le plus souvent un vernis intégral ou sur son col lui donnant un aspect brillant et assurant une protection supplémentaire. Cette fine couche suffit à rendre la terre étanche, limitant ainsi les échanges et en conservant le liquide de manière idéale. Au contraire, la gargoulette d’été est laissée brute. La porosité de la matière permet à l’eau de s’évaporer, elle évacue donc naturellement la chaleur. On dit que l’eau se rafraîchit par transsudation.
Gargoulette en terre cuite, la cruche d’ici et d’ailleurs
En France le nom de Gargoulette provient du provençal “Galgouleto” qui signifie Cruchon. On l’appelle aussi cruche à bec. Bien sûr on la retrouve hors de nos frontières dans les pays du Sud célèbres pour leur art de la poterie. Ainsi on retrouve cette cruche à bec au Portugal où elle porte le nom de Botija et qui est à l'origine de l’expression “com a boca na botija” qui signifie être pris en flagrant délit. En effet, boire directement les lèvres collées sur la cruche était mal vu et représentait une faute évidente de bienveillance.
En Espagne, ses noms sont multiples comme :
- alcaraza qui viendrait de l’arabe alkourraz
- cantaro du latin cantharus (« vase à boire »)
- botijo, la cruche traditionnelle espagnole
- En Catalogne, nord et sud, on la nomme cantir.
Une poterie vieille de 7 000 ans
Cette poterie antique apparue environ 5 000 ans avant JC avait quasiment disparu après l’époque romaine. Elle réapparaît vers le XVème siècle dans la forme et les dimensions qu’on lui connaît aujourd’hui, au sein des poteries catalanes et sur tout le bassin méditerranéen, notamment en Espagne où elle occupe une place particulière.
A partir du XIXème siècle la gargoulette devient un objet emblématique, on lui dédie des fêtes dans plusieurs régions et il y a même une ligne ferroviaire qui mène à Cadiz qui s’appelle le train des gargoulettes.
On la trouve de différentes formes suivant la région d’origine ainsi que de différentes tailles. Certaines de ces cruches sont décorées d’un nom, d’un prénom, d’un petit dessin… Au gré des envies du potier. Car jadis la fontaine du village était la seule source d’approvisionnement en eau potable et pour éviter les disputes à la fontaine on nommait un fontainier chargé de remplir les cruches que les habitants déposaient devant la fontaine et il fallait bien les différencier…
Elle est encore souvent utilisée dans notre région par exemple, dans les campagnes catalanes de ce côté de la frontière ou au-delà des Pyrénées. Elle garde bien sûr l’eau au frais mais certains lui confient le nectar de leurs vignes pour une dégustation de vin optimale.
La céramique artisanale s’invite dans la déco vintage
L’apparition de nouvelles matières telles que le fer émaillé, l’aluminium et le plastique ont eu raison pendant un temps de cet artisanat. Mais le retour en grâce des matières naturelles les rend tendance et certains abandonnent les carafes et autres bouteilles au profit d’une cruche plus traditionnelle sans forcément avoir la technique pour boire à la régalade. Mais l’usage le plus courant aujourd’hui est bien sûr la déco ! Les ambiances naturelles sont très tendance, les brocantes sont une source incroyable pour dénicher des gargoulettes de tous les styles. A l’Atelier Imparfait, nous les chinons toujours avec plaisir avec une petite préférence pour la version blanche non vernissée, la plus simple en somme. La rondeur, le juste équilibre entre le galbe du corps, l’anse et les becs ne sont pas sans évoquer de belles sculptures… On aime aussi bien les accumuler que les poser négligemment là sur un petit banc patiné, ici sur le rebord d’une fenêtre. L’important est la poésie que dégage le tableau final. Le mariage des matières aussi, avec un rideau en lin ou en gaze de coton qui vient doucement caresser une gargoulette posée au sol sur des carreaux ciments ou un établi en bois buriné qui accueille toute une collection. Les pots en terre ou en grès racontent tous l’histoire du potier qui les a créés. En pays catalan l’art de la céramique fait partie du patrimoine avec de nombreux artisans de céramique contemporaine et le célèbre atelier Sant Vicens. Mais nous aimons par-dessus tout ces trésors qui ont une âme et qui ont traversé les époques pour témoigner d’un art de vivre révolu. Près à dénicher votre gargoulette en terre cuite sur le site de l’Atelier Imparfait ? C’est par ici !