Machine à Écrire l Retour sur plus d’un Siècle d’Histoire
Quand on entend le cliquetis si spécifique des touches d’une machine à écrire vintage, c’est tout un imaginaire qui se met en place : un bureau années 50 devant lequel une jolie secrétaire aux lunettes papillons et aux ongles soigneusement peints en rouge, tape sur un des touches rondes. Mais la machine à écrire, c’est surtout un outil à la technicité incroyable auquel nos ordinateurs doivent beaucoup. Ce qu’ils n'ont pas pu lui enlever, c’est ce charme particulier, des sons, de l'empreinte des marteaux sur un velin et le plaisir de voir s’imprimer des mots d’amour, de suspens ou d’aventure. A l’Atelier Imparfait, elle est un peu notre objet rétro préféré… Nettoyées, bichonnées, celles qui passent entre nos mains sont prêtes pour magnifier une déco comme à reprendre du service pour écrire votre prochain roman. Voici quelques secrets de cette indétrônable de nos bureaux…
Histoire d’une mécanique bien huilée
La machine à écrire est un objet qui a révolutionné le monde capitaliste en rangeant au placard les porte-plumes. Entièrement mécanique, sans processeur, sans électricité, uniquement des engrenages, des leviers, des ressorts et des articulations où chaque touche commande un petit marteau qui vient frapper une feuille de papier au même endroit. C’est le chariot portant la feuille qui se déplace de droite à gauche. A chaque frappe le ruban encreur vient s’interposer entre le marteau et la feuille. Encore aujourd'hui, la machine à écrire est un objet design et vintage très prisé par les collectionneurs. Mais savez-vous qu’elle a plus d'un siècle d'histoire ? Retour sur l'évolution de la machine à écrire, de ses débuts modestes jusqu'à son apogée dans les années 1970.
C’est en 1873 qu’a été conçue la première machine à écrire telle qu’on l’a connaît aujourd’hui. Avant cela, il y a eu plusieurs prototypes plus ou moins farfelus et c’est la Writing Ball qui a inspirée la première machine à écrire produite par le fabricant d’armes Remington. Ce 1er modèle n’écrivait qu’en majuscules et le papier était placé sous le mécanisme, on ne voyait donc pas ce que l’on tapait.
Le clavier, un outil bien pensé
Là aussi il a fallu voir passer différents modèles notamment deux rangées MAJ et MIN classées par ordre alphabétique. Si deux lettres placées côte à côte étaient tapées trop rapidement, les tiges se coinçaient et on passait plus de temps à démêler les marteaux qu'à écrire du texte. Il a donc été mis en place un système où les touches les plus utilisées étaient déplacées en les séparant de touches moins utilisées pour éviter ce blocage. Est donc apparu le clavier QWERTY pour les anglo-saxons, AZERTY pour les francophones avec des adaptations telle que le Ñ pour l'Espagne. D’autres dispositions de touches plus simples ont été ensuite imaginées comme le DHIATENSOR aux USA, ou ZHJAY pour le français, mais les utilisateurs étant déjà trop habitués au QWERTY et AZERTY, ces méthodes ont été abandonnées.
D’autres innovations sont venues améliorer les capacités de la machine à écrire et augmenter le confort de travail.
- le retour du chariot le saut de ligne,
- le ruban encreur bicolore,
- différentes polices de caractère…
L'utilisation du papier carbone a également permis de sortir de la copie unique…
Des marques prestigieuses de machine à écrire tout autour du globe
Les principaux fabricants restent les Américains avec les marques Remington,Underwood, Royal et les Allemands avec Adler, Triumph et Olympia. Chaque pays avait sa marque. En Italie Olivetti, au Japon Brother, Hermès en Suisse et Japy en France. Au total, on dénombre une centaine de marques partout dans le monde, pour la plupart éphémères... Certaines se sont démarquées de la concurrence :
- le Suisse Hermès fut le premier à fabriquer une machine à écrire portative, la Baby en 1935. Elles sont surtout devenues portables pour pouvoir être apportées au plus près des évènements.
- Olivetti faisait dessiner ses modèles par des designers, aujourd’hui les 2 best sellers de la marque sont la Lettera 22 dessinée par Marcello Nizzoli en 1949 et la Valentine, sortie le 14/02/1969 par Ettore STOTTSAS.
Pour faire la promotion de leur machine, les fabricants organisaient des dactylographies. Ces courses d’écriture étaient couvertes comme des compétitions sportives par la presse et la championne madame Piau se vantait d’arriver à écrire 140 mots par minutes. C’est l’émergence de la Sténodactylo et la féminisation dans les bureaux. La machine à écrire aura vécu 120 ans, ringardisée par l’apparition des ordinateurs et du traitement de texte qui aura hérité de son clavier.
La machine à écrire vintage, objet déco mais pas que…
Aujourd’hui les ordinateurs sont maîtres au travail comme à la maison. Simplicité d’utilisation, archivage, partage, ils sont des assistants hors pairs. Malgré cela, nombreux sont les amateurs de machine à écrire vintage qui aiment la touche d'élégance qu’elle apporte à leur bureau et surtout à leurs écrits. Le toucher du papier et l'empreinte des lettres ont un charme dont certains auteurs ne peuvent se passer. Comme une inspiration, une matérialisation de leurs mots… Ils aiment le bruit familier du cliquetis répétitifs des touches ponctué par le tintement du chariot à chaque fin de ligne…
Comment choisir une machine à écrire ?
Si vous aussi vous êtes sous son charme, voilà quelques conseils pour bien la chiner. Il vous faut bien sûr l’essayer et ne pas vous contenter de constater si le ruban encreur écrit encore ou pas. Ce n’est pas très important puisque pour quelques euros il est possible de le remplacer. Ce qui est important, c’est de vérifier la mobilité du chariot (le retour) et les touches du clavier. Pour vérifier si son clavier est fonctionnel à l'atelier nous donnons une astuce... il suffit de l'essayer en écrivant la phrase suivante :
“Monsieur, portez ce vieux whisky au juge blond qui fume la pipe au coin du feu” Ces quelques mots utilisent l’ensemble des lettres de l’alphabet, il est ainsi facile de vérifier si toutes les touches du clavier sont fonctionnelles. Si le ruban est sec ou déchiré, il vous faudra le changer. C’est une simple bande de tissu ou de papier qui porte l’encre. Il est enroulé sur deux tambours qui tournent l'un vers l'autre. L'un des tambours est couvert d'un crin ou d'un tissu qui frotte contre le ruban et le nettoie. Prenez soin de bien noter la référence de votre machine lors de votre commande de ruban et de bien suivre les instructions pour le changer. Nous réalisons toutes ces vérifications d’usage lorsque nous avons la chance de trouver une machine à écrire ancienne dans nos pérégrinations. Une fois de retour à l’Atelier, chacune est soigneusement démontée pour ôter toute traces de poussière grâce à un fin pinceau, le mécanisme est soigneusement huilé. Patience et minutie sont de rigueur pour cette étape très importante qui garantit la fluidité de la frappe de son futur utilisateur.
Pourquoi acheter une machine à écrire ?
La machine à écrire ancienne est un objet coup de cœur avec un charme fou. Elle est souvent offerte à de jeunes adolescents à qui l’on connaît un goût pour l’écriture. De futurs mariés aiment aussi proposer à leurs invités de leur laisser quelques lignes sur des feuilles glissées dans une machine à disposition dans la salle de réception. Des écrivains chevronnés aiment aussi en faire leur muse sur un projet de roman… Il ne faut pas oublier les mécastriptophiles, les collectionneurs de machines à écrire sensibles aux particularités de chaque modèle !
La machine à écrire est un objet design qui a su traverser les époques, les modes et les innovations. Si son absence de connexion l’a rendue obsolète dans les entreprises, il est fort à parier que cette reine des bureaux fera encore battre les cœurs des amateurs de beaux mots au rythme de ses petits marteaux…